Transpédés, osez topper !

(Un guide pratique pour topper écrit par un transpédé, pour d’autres transpédés)

par Pam Moayes,

L’an passé, il s’est passé un truc incroyable dans ma vie : je suis devenu top. J’utilise le verbe d’état par excellence en pleine conscience : je vous promets, ça a été une découverte spirituelle et ontologique pour moi comme j’en ai eu peu – eh oui, un énième coming-out, encore un… Le but de cet article est bien simple : vous inviter, camarades transpédés, à vous connecter au top qui est en vous. Bon, ça sera ni une méditation guidée ni une démonstration pratique, mais juste le partage des quelques astuces bien subjectives. Si vous avez envie de topper et que vous êtes encore timide, que vous ne vous êtes pas encore jeté à l’eau, ou que vous y trempez timidement un orteil, alors cet article s’adresse à vous.

illu par Michaël Didier

On ne naît pas top, on le devient – (Proverbe transpédé) Avant de commencer, je vais tenter de répondre à une question : pourquoi après tant d’années avec des partenaires pédés et/ou trans, j’ai mis si longtemps à vivre pleinement ma sexualité ? Je me dis que je dois pas être le seul transpédé dans ce cas. Au risque de faire cliché, en tant qu’homme trans, topper n’était pas évident pour moi, parce que la sexualité n’était pas évidente pour moi tout court (j’ai passé plusieurs années avant et en début de transition à penser que j’étais assexuel, et à m’imaginer moine à mes heures perdues). La sexualité peut être un terrain miné où la perception idéelle de moi rencontre la matérialité de mon corps, qui rencontre, à son tour, la perception qu’en a mon partenaire. Alors, comme d’autres personnes trans, j’ai pu être déconnecté de mon corps et de mes envies, et mettre longtemps avant de comprendre ce que j’aimais et comment j’aimais le faire, autrement dit apprendre à réconcilier (ou à savoir naviguer avec) le décalage que je percevais entre mes envies et les possibilités physiques que j’avais à ma portée en tant que mec trans pas (ou pas encore) opéré des génitaux. J’utilise le passé là, mais c’est pas totalement derrière moi, encore… Et puis, j’ai aussi dépensé pas mal de fric dans des gadgets pour topper qui ne m’ont pas convenu : ce guide sera jonché de conseils pour mieux choisir son outillage.

Alors prêt ? Entrons dans le dur !

Trouver un·e partenaire enthousiaste 

« Tout le monde peut devenir mon pote du soir, j’fais un trou dans la porte des chiottes du bar »1Ou son pendant T4T : « On reste en famille comme Mark Hamill, c’est moi le mec du mec à Mila » (Lapsuceur)

Lapsuceur

Le DIY c’est cool, mais si c’est quelqu’un·e d’autre que vous voulez topper, commençons par-là ! Si vous avez confiance en vous et en votre expérience pour topper le premier venu sur Grindr (ou votre méthode de cruising ou de rencontre sexuelle favorite), banco. Moi, il m’aura fallu plusieurs amants trans et/ou pédés tendres, patients et qui me montraient leur désir que je les toppe pour apprendre à me sentir vraiment à l’aise. Tout un processus ! En fait, pour me sentir d’explorer ma sexualité en me vulnérabilisant autant dans ma transitude, il me fallait partager ces moments en me sentant en confiance, et surtout avec un·e amant·e dans les yeux de qui je me trouve hot, et pas ridicule de débuter dans l’usage des prothèses2D’après wikipédia : Une prothèse est un dispositif artificiel destiné à remplacer un membre, un organe ou une articulation. J’utilise ce mot car c’est celui qui correspond le mieux à mon usage. Je pense que c’est important d’attirer l’attention sur le fait que ça peut vraiment remplir cette fonction, et pas celle de simple toy en plastique, pour certains d’entre nous qui ont besoin que ça soit vu comme tel par leur partenaire. J’insiste là-dessus parce que pour les personnes trans le regard du partenaire n’est pas anodin !. Un·e amant·e avec qui je me sente à l’aise de communiquer, et que ça excite de se faire baiser par un mec trans, avec sa (ou ses) prothèse(s). Camarades, ce que je veux vous dire, c’est que vous méritez de vous trouver beau dans les yeux de votre partenaire, et de partager ça avec quelqu’un·e qui en a envie, et qui au choix vous initiera, ou bien sera curieuxse de découvrir ça avec vous. Un·e amant·e qui fait des remarques désagréables ou gênantes sur votre corps, vos prothèses ou toys, qui sous-entend ou vous dit même directement que c’est trop compliqué et « pas naturel » ou autre connerie, je pense honnêtement que c’est pas la peine. Je trouve que découvrir ce que c’est de topper, et plus largement explorer sa sexualité, c’est un processus que l’on peut vivre pleinement avec des amant·e·s qui peuvent nous voir comme on a besoin d’être vu : qui traiteront une bite prosthétique comme la vôtre (celle-là c’est pour mes suceurs de strap sûrs). Pas besoin que ça soit l’amour de votre vie : mais j’imagine que le mieux ça reste quelqu’un·e de détendu·e, d’ouvert·e d’esprit, et/ou de curieux·se. 3 Je sais, c’est facile à dire: on peut craindre, en tant que mec trans, de ne pouvoir être désiré qu’en étant bottom dans le monde gay. Ces craintes sont compréhensibles, mais je pense qu’elles ne correspondent pas à toute la réalité. Je pense par exemple, à ce mec (cis) avec qui on s’était dragué en boîte, on avait échangé nos numéros. Je l’ai revu pour boire un verre et je me suis outé comme mec trans à ce moment-là. Après le classique « oh wow, j’aurais jamais cru ! », sa première réaction a été de me dire « pas de problème, j’adore baiser avec des jouets, j’en ai même à te prêter si tu veux. » J’ai eu aussi plein d’échanges sur grindr avec des mecs qui voulaient que je les toppe. Bref, tout ça pour dire: c’est pas qu’une légende, ça existe les bottoms transmasc-friendly !

Et puis, le sexe, les stone tops le savent bien, c’est aussi jouir de voir quelqu’un nous voir comme on veut être vu. Ça demande d’oublier ses idées préconçues d’où commence le strap et d’où s’arrêtent ses sensations : c’est hyper sexy quelqu’un qui suce et branle le strap, d’où l’importance de topper un·e bottom qui sait traiter le strap dignement, comme votre queue !

Les premières fois à topper en tant qu’homme trans, ça peut être affronter sa propre peur du ridicule, ça peut être sensible. Repérer les anxiétés qui viennent de cette idée qu’on serait de moins bons tops que les mecs cis simplement par nature, ça s’apprend. Tout ça, ça demande de lutter contre l’image que la transphobie a pu faire de nos corps et de nos désirs. Et surtout, de ne pas laisser ses appréhensions empêcher l’accès au plaisir : il y a un début à tout, pour tout le monde, peu importe ses génitaux ou son parcours de transition.  Alors, pour vous aussi ! Ça va bien se passer, sérieux !

S’équiper d’un bon harnais

« 9 millimètres dans le calcif, 30 centimètres quand je m’astique »

Lapsuceur

Maintenant, parlons outillage : pour topper, si l’envie c’est de faire du sans-les-mains, vous aurez besoin d’un bon harnais. Alors pour ceux dans l’assemblée qui comptent leurs deniers, tout va bien, pas besoin d’acheter une œuvre d’artisanat en cuir au-delà de vos moyens. Mais honnêtement, les harnais de « pegging » premiers prix pour les hétéros et pour “découvrir le plaisir anal de Monsieur”, faits pour être utilisés une seule et unique fois puis abandonnés à jamais, je déconseille. Mais si, vous voyez desquels je parle, ceux qui ressemblent à des sangles de sac à dos (même matière et mêmes fermoirs pour resserrer, faut dire ce qui est). Franchement c’est pas la peine : ça scie les jambes, c’est pas ergonomique, bref, pas facile d’aimer topper avec ça4Note d’un relecteur transpd: en revanche, étant fins, ils peuvent se porter sous les vêtements du quotidien pour ceux qui éprouvent de l’empouvoirement à leur tenue (sans forcément y chercher un plaisir sexuel). ! Les harnais avec la bite incluse, je recommande pas non plus (souvent peu ergonomique, pas très pratique, monotone de pas pouvoir changer de bite, en plus d’être chiant à laver…).

Alors c’est une question de préférence personnelle, mais ce qui est sûr, c’est qu’un bon harnais allie le confort et la tenue, au moins un minimum. 

Une première erreur quant aux harnais serait de  penser qu’on n’aura forcément pas de sensation : archi faux ! Bon je vais tempérer en disant que ça dépend des personnes, des harnais, des positions. Mais en fait, si le harnais s’adapte bien à soi, on sent les choses contre son corps, ça stimule les génitaux. Personnellement, après avoir acheté un bon harnais, j’ai trouvé ça incroyable et découvert plein de sensations que j’avais jamais ressenties avant. Avant ça, j’avais peur qu’en utilisant un harnais je sois déconnecté de mon corps, que ça soit évident que j’utilise un gadget pour pallier à une bite cis que je n’ai pas. En fait, trop pas ! On peut même jouir en portant un harnais. Alors, le meilleur choix selon moi, c’est soit un harnais « classique » en prenant garde qu’il soit confortable, soit un boxer-harnais ou slip-harnais, qui sont proches du corps. 

Mes préférés sont ces derniers. Les plus connus dans le commerce (outre rodeoH pour les transmasc, dont j’ai eu des retours assez mitigés) c’est ceux de chez strap-on-me : certains modèles sont assez fem, ce qui peut en gêner certains (mais ils ont aussi des modèles qui font soit slip neutre soit jolie lingerie pédale). Vu que je suis payé par personne pour faire cet article, je vais plutôt recommander d’arpenter la catégorie “strapon” du premier sex-shop en ligne venu (par exemple, celui-ci) : vous allez voir qu’il y a plein de marques et modèles différents, et au moment où je regarde, j’en vois pas mal qui coûtent une trentaine d’euros. Niveau rapport qualité/prix, d’expérience, ça vaut carrément le coût : le moins cher coûtera probablement une vingtaine d’euros… Les dix euros de plus font toute la différence, croyez-moi ! Et puis, ils donnent juste l’impression d’être habillé et non d’être la peau à nu contre un harnais inconfortable. On peut être frileux car les ronds en plastique auxquels attacher la bite ne se changent pas sur les boxers mais dans les faits, on peut vraiment les utiliser avec des bites de plein de tailles différentes. Mais d’un autre côté, les harnais plus classiques, ça permet de pouvoir topper en étant habillé (en le mettant par-dessus les vêtements), ce qui est une possibilité à explorer pour les stone tops en devenir qui me lisent.

Pour les grandes tailles, apparemment il en existe chez strap-on-me (même si j’en ai pas vu sur le site ?). Sinon, un ami m’a recommandé celui-ci de chez CalExotics. D’après lui, il a beaucoup de réglages, va au-dessus du 52, et l’intérieur est confortable car il ressemble à du velours. La différence de prix est quand même notable et badante, il faut le remarquer…

Et les strap-on sans harnais, alors ?

Il existe aussi des strap-on sans harnais: les plus connus sont ceux type share. Ils s’utilisent en mettant un côté en interne par devant, pour pénétrer un partenaire avec. Pour tout vous dire, c’était mon premier achat de prothèse dans ma vie sexuelle. Mais je l’ai vite regretté : la partie insérable est quand même conséquente, et ça peut s’avérer compliqué. Ou alors, elle est trop petite et elle tombe (ça demande de contracter son périnée un max !). En fait, dans les faits, rares sont les gens qui utilisent ça 100% sans harnais : souvent, c’est plutôt utilisé avec un harnais en plus pour une bonne tenue. Ça peut être très sympa comme prothèse ou toy, mais vu l’investissement que ça représente, j’aurais préféré avoir conscience des côtés négatifs avant d’investir.

Les angoisses liées au harnais… 

Beaucoup des anxiétés liées au fait de topper en tant que mec trans se catalysent sur le harnais. Quand est-ce qu’il faut le mettre ? Avant ? Pendant ? En fait, ça dépend de ce qu’on aime. Ça peut être excitant de l’avoir à l’avance, et d’être habillé tandis que l’autre est dénudé. Sinon, prendre le temps de mettre l’action en pause alors qu’on est déshabillé (ou pas !) pour mettre un harnais, ça peut aussi être très excitant pour le bottom, l’anticipation.

D’où l’importance d’être avec un·e amant·e qui trouve ça hot ! Au début, c’est normal de trouver ça un peu gênant, d’avoir l’impression de galérer un peu à mettre le harnais en place dans le feu de l’action : déjà, ça change de nos représentations, et en plus, il faut se laisser le temps de se faire la main. Mais petit à petit, en partageant ça avec une personne que ça excite, ça devient un outil d’expectative : c’est hot de voir quelqu’un enfiler un strap, ça peut être l’occasion de choisir quelle bite on met, ou que l’autre choisisse, ou pas… etc. 

Photo du cortège transpédé de l’ExisTransInter 2023 par @transfagcore
Photo du cortège transpédé de l’ExisTransInter 2023 par @transfagcore

Pour trouver une bonne bite…

« La beuteu, la beuteu, la beuteu. »

Lapsuceur

Les choix sont tellement vastes en la matière, vous saurez trouver bite à votre harnais ! Vraiment, on peut trouver toutes les formes, toutes les couleurs, toutes les matières (ou presque !). À noter, quand même, que pour l’utiliser avec un harnais et pour l’anal, un critère non-négociable est que la bite ait une base (plus large que le reste). Après moultes achats de bites, si je peux donner un ou deux conseils pour bien la choisir, ce serait ça :

…la texture et le niveau de fermeté avant tout !

Au moins avec les queues en plastique, pas de problème de panne – soit. Mais j’ai mis très longtemps avant de toucher une prothèse dont la texture n’était pas particulièrement désagréable. De base, les straps ont tendance à être plus durs, plus denses, que les bites de chair en érection. Alors certes, c’est une question de préférence ; mais il faut dire à ceux qui aiment quand elles sont plus douces, plus malléables, plus “comme de la chair”, quoi : eh bien, ça existe ! Pour les trouver plus facilement, elles sont souvent marketées « double densité » (ou « triple densité ») : ça veut dire qu’elles sont fermes, mais qu’il y a par-dessus comme une couche plus malléable, qui rend la texture plus proche de celle de la chair. C’est donc tout autant en érection mais pour autant, c’est moins dense au toucher qu’un gode ou une prothèse classique peuvent l’être. Sinon, outre cet indicateur, souvent la fermeté d’une prothèse ou d’un gode est précisée si on achète en ligne, et ça vaut le coup d’y prêter attention selon ses préférences. Et pour les amateurs de toys fantasy, un copain m’a dit que checker aliexpress était fructueux.

privilégier les achats en physique (plutôt que sur internet) quand c’est possible.

Pour les amateurs de prothèses « réalistes » fauchés, mon plus gros conseil serait le suivant: aller en sex shop gay plutôt qu’en sex shop hétéro, ou plutôt qu’acheter sur internet. Là, y’aura des queues qui ressemblent vraiment à des queues de chair et de sang, et qui auront une texture sympa, et à bas coût comparé aux œuvres d’art et d’artisanat que peuvent être les prothèses faites pour les hommes trans (qu’on peut trouver sur internet). Bon, la bite sera probablement moins belle (moins « réaliste ») que celle d’une prothèse spécialement faite pour nous, c’est sûr. Mais en attendant d’avoir de l’argent à investir, on peut y trouver la texture qu’on veut, la taille qu’on veut, et les vendeurs auront tendance à être de très bon conseil. Ça permet aussi de se mettre à l’aise avec l’utilisation de straps, c’est très répandu dans la sexualité gay, même chez les cis, en fait ! Je dis ça car les harnais ont tendance à être categorisés comme lesbiens, alors qu’ils sont bien présents dans l’homosexualité masculine aussi – quand les mecs prennent de l’âge, pour baiser avec une plus grosse bite, pour tenir plus longtemps… ou simplement parce que des mecs préfèrent topper avec un strap-on, ou en utiliser pour varier les plaisirs. Ah, et j’ai pas évoqué les sex shops hétéro, mais je vous conseille de pas vous décourager à la visite du premier sex shop de centre ville avec une jolie vitrine pour plaire aux hétéros BCBG : très souvent, les choix de bites y sont restreints et pas adaptés à nos besoins (aka, le but c’est de pas faire gay et de pas faire flipper les hétéros qui veulent s’essayer au pegging… ou bien de rester sobre et classe pour attirer la clientèle féminine). Ces sex shops peuvent être utiles pour d’autres buts (par exemple, ils vendent certains articles de niche, comme les masturbateurs miniatures qui conviennent aux mecs trans hormonés), mais pas pour choisir votre prothèse, à mon humble avis. Après, je parle de mon expérience : chaque sex shop a ses spécificités, et chaque ville a ses ressources (limitées) !  Allez faire du lèche-vitrine, au pire c’est une activité sympa entre copines. Parce que quoiqu’il en soit, ce conseil vaut pour tout choix de queue : privilégier d’acheter en vrai quand c’est possible ! Après avoir acheté maintes bites sur internet qui n’étaient pas comme il fallait, j’insiste, si vous avez la chance d’avoir un sex shop gay accessible par chez vous ou lors d’un de vos voyages, je vous conseille d’y jeter un oeil. Niveau matière, c’est recommandé d’éviter les matières type « jelly » : c’est assez déconseillé pour la santé, en plus d’être poreux (et de schlinguer le plastique ad vitam eternam). On dit de privilégier le silicone platine, ou silicone médical : pour tout vous dire, moi, mes bites préférées trouvées en sex shop gay sont faites d’une matière inconnue et n’ont pas de marque (RIP in peace RoB Paris, unique vendeur d’une marque inconnue de bites extra, disparu du jour au lendemain, tu nous manques…).

… ne pas voir trop gros !

Une erreur classique du parcours transmasc, c’est d’acheter une bite trop grosse par folie des grandeurs. Désolé de vous le dire, mais il vaut mieux avoir une bite de taille moyenne et adaptée aux orifices qui auront la joie de vous recevoir, plutôt qu’une bite qui va flatter votre ego mais qui sera bien trop énorme pour qui que ce soit. Cette erreur est aussi une erreur classique du parcours pédé, d’où l’adage: ne pas acheter de bite quand on a envie de niquer ! Combien d’entre nous se sont retrouvés avec une bite énorme et inutilisable au fond de leur tiroir à sex toys ? Aussi, cette erreur est fréquente quand on achète en ligne : sans avoir l’engin sous le nez, on ne se rend pas bien compte de sa taille. Même si le concept est séduisant, je vous assure, vaut mieux commencer par un peu petit que bien trop grand !

Et pour ceux qui aiment les travaux manuels :

« Le policier veut me fouiller, petit sourire quand il m’dit qu’il a le bras long »

Lapsuceur

Ça peut sembler très orienté prothèses ou toys ce que je dis, alors je vais clore sur une pensée émue pour ceux d’entre nous qui aimons topper avec nos doigts, nos mains, et pour nos kiffeurs sûrs, aussi – sachant qu’aucune de ces options n’est mutuellement exclusive. Sans trop m’épancher (au risque que cet article ne se transforme en ode au fist), je dirai ceci: topper en étant créatif avec son corps, ça peut être non seulement extrêmement hot, libérateur, mais aussi un grand moment d’euphorie de genre à partager. N’ayez pas peur de topper en utilisant autre chose qu’une bite (de chair ou de plastique) ! Changer de sexe c’est aussi ça – s’amuser au lit. Si une prothèse peut être une bite, ma main peut être une bite… quitte à être trans et pédé, autant revendiquer fièrement la perversion comme étant au centre de son identité et de ses pratiques sexuelles.

Et enfin, du luuuuuube !

Et peu importe ce qu’on utilise, du bon lubrifiant pour que ça glisse, c’est quand même une nécessité absoluuuuue ! Là, pour mes tops sûrs aux porte-monnaies troués, je ne peux que vous chanter les louanges d’une découverte en sex shop gay qui a révolutionné ma vie (oui, encore une) et mon porte-feuille : le lubrifiant en poudre. Le lubrifiant qui ne détruit pas la flore vaginale (pour ceux qui aiment pénétrer des mecs trans par devant) se font rares et coûtent affreusement cher : les lubes en poudre permettent de pouvoir baiser avec autant de lube qu’on veut, sans flipper pour le porte-monnaie ! Par exemple celui-ci , la bouteille coûte 29€ et permet d’en faire + de 20 litres ! Alors, bon, c’est chimique, je vais pas mentir : mais pour beaucoup de lubes en poudre, la poudre est constituée d’un seul ingrédient, qui est en fait présent dans quasi tous les lubes du commerce (et les gels douches, gels hydroalcooliques… etc). Donc ça limite malgré tout le reste des ingrédients de la liste qui fâchent (aka, pas d’alcool, de sucre, ou autres joies qui niquent la flore). Je vous laisse faire vos propres recherches et choix ! Dans le doute, autant utiliser du lube à base d’eau comme ceux-là ou d’autres, puisque ça marche à la fois avec les capotes en latex et avec les toys et prothèses en silicone : on adore la versatilité5Note du relecteur transpd: en plus il suffit d’avoir un brumisateur pour ne pas avoir à mettre 15 litres de lube par session un petit pchitt et c’est reparti ! !

« Viens chez moi c’est pas pour boire du thé, j’te refais l’intérieur comme Corbusier »

Lapsuceur

Je crois que c’est tout ce que j’avais à dire pour aujourd’hui. Évidemment, ce qui aide à devenir top, c’est de se laisser prendre son temps, d’y aller pas à pas quand on en a besoin, d’expérimenter… Bref : d’explorer ses désirs, avec des gens enthousiastes ! Pour ceux qui me lisent qui ont déjà bottom : qui de mieux pour savoir ce qui peut être agréable quand on reçoit que quelqu’un qui a déjà reçu, comme vous ?! Et pour celleux qui n’ont jamais reçu avant de donner, je pense que les meilleures expériences sexuelles sont souvent celles avec des personnes à l’écoute de l’autre avant toute chose, rien de sorcier.

Commencer à topper pour moi, ça a été la naissance de beaucoup d’euphorie de genre : un peu comme un réel changement de sexe incarné, tangible et kiffant dans ma sexualité. Petit à petit, me laisser explorer ça avec des partenaires qui m’en ont donné la joie, ça a été une source de plaisir trans et pédé immense. J’en ai fait cet article parce que la représentation des mecs trans a augmenté drastiquement dans le porno (gay) ces dernières années… et les mecs trans y sont systématiquement bottom. Ce genre de représentation en unique son de cloche peut avoir tendance à limiter notre champ des possibles. Comme si être trans ET pédé voulait forcément dire que notre rôle sexuel était gravé dans le marbre, à cause de notre sexe assigné ou bien des représentations qu’on a. Cette restriction, j’y vois les conséquences de la transphobie, de l’homophobie et de notre déviance à la fois de la masculinité hégémonique et des normes cis. Mecs trans, vous pouvez aimer baiser en pénétrant quelqu’un, voire même jouir en pénétrant, avec ou sans opé ! N’empêchez pas vos angoisses, les représentations et la violence symbolique transphobe vous limiter au point de vous empêcher de vous découvrir et d’accéder au plaisir. Mecs trans, vous êtes hot quand vous toppez ! 

Have fun !

Pour + d’infos sur la santé sexuelle, la réduction des risques, et même du pratico-pratique, il y a la brochure d’OUTrans “Dicklit et T Claques” (une mine d’or d’infos) qui s’adresse spécifiquement aux transpédés !

💕​
Merci aux bgs Misha, vana et Loren pour leur relecture de transpd avertis, et à Valoche pour sa relecture de girlboss du Q.

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